Description
Après la suppression de l'ordre du temple en 1312 et la dévolution de ses biens au bénéfice des Hospitaliers de Saint-Jean, la pérennité de la plupart des commanderies fut assurée jusqu'en 1790. Après cette date, l'abolition de l'ordre de Malte et de tous les ordres religieux en France entraîna la dégradation puis la ruine de nombreux édifices.
Aujourd'hui seules quatre commanderies sont attestées en Lorraine par la subsistance d'une chapelle, Xugney et Norroy dans les Vosges, Marbotte dans la Meuse et Libdeau en Meurthe-et-Moselle.
La chapelle de Libdeau peut être considérée comme intacte, malgré de nombreuses altérations, elle est la seule à conserver ses voûtes d'ogives.
Architecture
Le bâtiment de plan rectangulaire mesure intérieurement dix-huit mètres trente de longueur et huit mètres soixante de largeur. Il comporte trois travées, deux pour la nef et une pour le chœur fermé par un chevet droit percé d'une fenêtre gothique à trois baies aux arcs en lancette avec grand oculus. Les travées ont reçu des voûtes sur croisées d'ogives avec nervures toriques retombant sur des chapiteaux à corbeille nue avec astragale rehaussant des colonnes engagées. La nef était éclairée par de hautes fenêtres gothiques à deux baies jumelées et à oculus, trois s'ouvrent sur le côté de droite et une seule du côté opposé, elles sont actuellement murées.
Les extérieurs sont épaulés par huit contreforts à ressaut terminés en bâtière, quatre sont angulaires dont deux encadrant fortement la façade qui s'ouvrit jusqu'en 1963 par un élégant portail déposé au Musée Lorrain. Façade et chevet se terminent par un pignon insérant une haute toiture de tuiles plates. La corniche de la façade est décorée de modillons. Le portail en plein cintre est constitué de deux colonnettes aux chapiteaux à décor végétal portant un arc trilobé. Le tympan est décoré de figures en bas-relief représentant une Vierge à l'Enfant et deux anges thuriféraires, cette composition est classique vers la fin du XIIe siècle à l'image de celle représentée sur le tympan du portail nord de la cathédrale de Chartres. Quatre corbeaux alignés dans la paroi au dessus du portail de Libdeau suggèrent qu'une large toiture en appentis l'abritait. Les rampants du pignon de la façade sont ponctués par une corniche bourguignonne remplacée sur les côtés et le pignon du chevet par une corniche plus discrète en simple pierre de taille. Au dessus du portail enlevé, une élégante rose en pierre composée de douze compartiments à tête trilobée rayonnant d'un anneau central surprend par son important diamètre, l'ensemble est actuellement muré. Cette rose est surmontée d'une petite fenêtre en plein cintre de style roman.
Les décors peints
L'intérieur de la chapelle était orné de décors peints dont il ne subsiste presque rien dans les deux premières travées de la nef. L'occupation humaine au cours des guerres successives depuis 1814 suivi d'un abandon définitif ont altéré les enduits en profondeur. Néanmoins dans cette partie il subsiste trois croix cerclées polychromes très altérées qui peuvent être assimilées à des croix de consécration de la chapelle. Les nervures toriques des croisées d'ogives conservent quelques décors diffus. La troisième travée correspondante au choeur a partiellement conservé les enduits successifs en relativement bon état. Des indices probants permettent d'espérer la conservation de peintures murales ou de fresques masquées par les badigeons au niveau du chevet.
Premiéres altèrations
Il est attesté que jusqu'à la Révolution, la messe était dite et l'entretien assuré, expliquant l'état relativement satisfaisant dans lequel la chapelle est parvenue jusqu'au milieu du XXe siècle. Après la Révolution et la mutation des bâtiments de la commanderie en exploitation agricole, la chapelle a subi de multiples altérations dont l'une des dernières fut à l'issue d'un don en 1963, le démontage puis le transfert, pierres à pierres, de son intéressant portail qui constitue l'un des éléments majeurs de l'édifice. Trois pierres tombales situées dans la nef ont également été démontées puis transférées, l'une datée de 1588 mentionne une épidémie de peste. L'ensemble des éléments démontés ont été transférés au palais ducal, l'actuel Musée Lorrain à Nancy.